Avec la ZFE-mobilités, l’Eurométropole relève un défi, celui de préserver la qualité de l’air en ville, tout en y maintenant l’activité économique et touristique.
Depuis le 1er janvier, l’Eurométropole de Strasbourg vit à l’heure de la Zone à faible émission – mobilité (ZFE-m), entrée dans sa première phase. Cette première année de déploiement concerne les véhicules de classe « Crit’air 5 », fonctionnant au diesel et immatriculés avant 2001.
Dans un premier temps, seules des actions pédagogiques seront menées, sous la forme de contrôles organisés au cours de 2022, pour informer les usagers. Mais l’interdiction définitive de circulation de circulation interviendra bien, à partir du 1er janvier 2023. Ce projet de ZFE-m se développe sur 6 années, avec une limitation progressive de la circulation des véhicules à ceux qui disposent d’une motorisation des plus écologiques et des plus récentes. Le tout s’accompagne d’un investissement public massif en faveur de nouvelles mobilités.
L’Eurométropole veut devenir un territoire exemplaire en termes de réduction de la pollution atmosphérique liée à la circulation des véhicules à moteur. Dans ce but, le service de transports publics sera largement développé au cours des années à avenir. Des bornes de recharge électriques sont installées sur le territoire, et devrait être au nombre de 500 d’ici à 2026. Les services de bus seront encore développés, notamment le bus à haut niveau de service (BHNS), au trajet rallongé jusqu’à un nouveau terminus, « Danube. » Les lignes de tram doivent s’étendre vers Bischheim, Schiltigheim et Wolfisheim. Enfin, le train fera figure de moyen de transport d’avenir, établi dans le cadre d’un nouveau Réseau express métropolitain (REM).
Aides financières tous azimuts
Envisagé suite à une concertation avec la population, le budget d’aide, initialement défini à hauteur de 15 millions d’euros, a été porté à 50 millions d’euros. « Le besoin d’aides financières est apparu avec une grande force, a constaté Pia Imbs, présidente de l’Eurométropole. Et elles ne se limiteront pas au passage d’un moteur thermique à un moteur électrique. Nous financerons une part des abonnements aux transports en commun, ou le recours aux voitures partagées du réseau Citiz. » L’accompagnement vers les mobilités alternatives à la voiture individuelle est soutenu par une aide financière pour les ménages du territoire, en plus des aides à la conversion.
Les entreprises et employeurs bénéficieront également d’un accompagnement, puisque une bonne partie des déplacements en voiture dans l’Eurométropole ont lieu entre le domicile et le lieu de travail. Les employeurs auront par exemple l’obligation de prendre en charge 50% des frais d’abonnement de leurs salariés pour leurs déplacements en transport public, ou de verser un « Forfait mobilité durable » à leurs employés qui viennent au travail à vélo ou en covoiturage. La démarche « Optimix » doit permettre de réaliser un diagnostic des déplacements des salariés, et d’adapter les actions de soutien.
Le COS mis en circulation
Avec la mise en circulation du Contournement Ouest de Strasbourg (COS), le trafic sur le réseau autoroutier est également impacté. Les poids lourds sont à présents automatiquement déviés vers l’A355, itinéraire payant qui évite le centre de Strasbourg. Sur la nouvelle M35, entre Reichstett et la place de Haguenau, ainsi que de la porte de Schirmeck à la Vigie, la voie de gauche est réservée aux bus et véhicules de covoiturage, du lundi au vendredi de 6h à 10h et de 13h à 19h. Dans ces créneaux horaires, la vitesse est limitée à 70 kilomètres par heure sur l’ensemble des voies. En dehors, on peut rouler à 90 kilomètres par heure au maximum. La mise en place du COS a déjà donné lieu à de vives critiques au sujet de la signalisation des voies. L’autoroute payante serait favorisée par rapport à celle qui est gratuite. Cette signalétique, qui relève de la compétence de l’Etat, ne comporte pas les mentions « Strasbourg Nord » et « Strasbourg Sud » demandées par l’Eurométropole. Ces différentes mentions n’ont finalement pas été retenues.
Texte : Yves Junger