Du nouveau au cinéma de Strasbourg

Cinéma strasbourgeois du début du XXème siècle, à la programmation axée arts et essais, l’Odyssée s’apprête à changer ses bobines et son projet.

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Situé à l’angle du 3 rue des Franc-bourgeois à Strasbourg, le cinéma l’Odyssée, construit en 1913 et inscrit aux monuments historiques depuis 1990, comprend l’une des plus belles salles de la ville, sa « grande salle historique. » Sa façade, ses portiques, caisses, ses décors intérieurs, sans oublier ses balcons et sa grande salle de spectacle, classés, en font l’un des lieux remarquables de la Belle époque à Strasbourg.  Cinéma municipal, sa programmation était confiée, depuis une trentaine d’années, à Faruk Günaltay. La délégation de service public qui lui a été confiée est arrivée à échéance le 8 avril. Au conseil municipal de Strasbourg, une gestion déléguée sous forme d’affermage a été entérinée en janvier dernier. De ce fait, la délégation de service public devait être renouvelée pour les 5 années à venir.

3 candidats pour un fauteuil de velours
La mairie a émis des objectifs multiples et très élevés, demandant à la fois de promouvoir « le patrimoine cinématographique et audiovisuel » et « les nouvelles formes de l’image. » La programmation de l’Odyssée devrait dorénavant s’insérer dans « les enjeux sociétaux actuels », dont l’écologie let le développement durable font partie, au même titre que l’inclusion, la justice sociale ou l’égalité homme-femme, représentés à travers des documentaires et des rencontres-débats. La concertation et la collaboration avec les acteurs locaux, représentants de la vie culturelle ou organisateurs d’événements, sont également requises, jusqu’à la promotion de Strasbourg comme capitale européenne. En matière de gouvernance, une « dynamique partenariale et collaborative » est attendue avec la ville de Strasbourg, en parallèle du développement d’une gouvernance collégiale, qui reposerait sur un modèle coopératif. 3 candidatures ont été présentées au jury, au fil de 3 tours de négociations, organisés en novembre, décembre 2021 et janvier 2022 : RCA, Cinemascoop et Le Troisième Souffle. Ils ont tous satisfait aux critères du cahier des charges, présenté des « offres de qualité », selon le jury. RCA a misé sur une programmation solide, doublée par la recherche d’un nouveau modèle de gouvernance. Mais le renouvellement du public et les enjeux sociétaux y sont moins présents, au profit d’un cinéma européen et citoyen. Cinémascoop a proposé un « projet cinématographique de qualité » et de nombreux partenariats. La médiation y occupe une place importante, et la question de la parité a été bien travaillée. Mais la gestion du bar, en régie, a été perçue comme « un élément de fragilité de l’offre. »

Le Troisième Souffle
Le projet « augmenté » présenté par Le Troisième Souffle a plu au jury par sa vision forte, singulière et transdisciplinaire. L’offre cinématographique constitue le socle du projet, tandis que l’intégration du bar dans le projet artistique et culturel est forte. Le réseau de partenaire culturel est là aussi conséquent, et ce projet fait preuve d’une véritable ambition de développement hors-les-murs. Une fréquentation élevée projetée permettrait un développement plus important de ressources propres. Finalement, tant le travail en direction des publics que le développement des réseaux professionnels et le système de gouvernance envisagé ont fait pencher la balance en faveur du Troisième Souffle, pour la maîtrise de la valeur technique et financière de son projet.

Remis par la ville de Strasbourg

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