Une maison forestière sauvée par le loto du patrimoine

La maison forestière du Spitzberg, en rénovation depuis 2013, a reçu un prix du mécénat pour faire aboutir le projet initié par une association formée par 7 amis il y a 10 ans.

© Les amis du Spitzberg

Située à Dabo, pointe Sud-Est de la Moselle, la maison forestière du Spitzberg a été bâtie entre 1900 et 1906, pour l’empereur prussien Guillaume II. Érigée dans un style très typique, elle rappelle l’architecture alsacienne traditionnelle avec ses colombages, et les chalets bavarois. Isolée au milieu de la forêt, la route goudronnée la plus proche étant à plusieurs centaines de mètres, le bâtiment était en passe d’être abandonné, faute de moyens pour le rénover. En septembre 2012, Vincent Michel, passionné de photo, visitait le coin pour prendre quelques clichés, et s’est rapidement intéressé à ce lieu.

« La maison a été pillée, tous les matériaux qui avaient de la valeur ont été volés, il y a eu beaucoup de casse, raconte-t-il. Il fallait agir vite sinon le bâtiment aurait été voué à la destruction. » Avec 6 amis, il fonde l’association « Les Amis du Spitzberg ». À partir de 2013, ils se lancent dans un chantier de rénovation de la bâtisse.

6 années de chantier en fonds propres
Les 6 premières années, ils gèrent le chantier eux-mêmes. « Nous avons commencé en apportant nos propres fonds, continue le président de l’association. D’abord, nous avons retapé l’intérieur de l’édifice, rénové la cuisine, le poêle à bois. Une salle de bains a été créée, et l’électricité a été mise aux normes. » Grâce à l’organisation de « week-ends participatifs », le chantier avance d’abord rapidement. Les copains, bons bricoleurs et plutôt débrouillards, trouvent des matériaux à des prix abordables. C’est lors de la rénovation de la toiture que les difficultés s’amoncellent. « Même en changeant plus de 3 000 tuiles, les hivers, nous avions toujours des infiltrations, se souvient Vincent Michel, alors maître-d’œuvre du chantier. Nous aurions dû acheter des tuiles en fibrociment, mais le prix était élevé, et s’endetter à 7 était trop risqué… » Il faut faire appel à des donateurs.

Vincent Michel prend contact avec la Fondation du patrimoine, et va à leur rencontre avec dans son sac, « quelques très belles photos de cette maison perdue au milieu de la forêt. » Lesquelles ont l’effet escompté : les membres de la Fondation décident de soutenir ce projet, et la maison forestière du Spitzberg est présentée au loto du patrimoine en 2019. La citadelle de Bitche lui sera préférée, mais les membres de l’association n’abandonnent pas. Pendant un an, ils communiquent sur leur projet auprès des médias, de petits donateurs – à ce jour, 147 ont fait un don -, contactent les Architectes des Bâtiments de France (ABF), et font référencer leur projet.

Mécénat populaire en plus du loto du patrimoine
La patience et les efforts paient : le projet « Sauver le Spitzberg » obtient le soutien du loto du patrimoine en 2020, et se retrouve financé par la mission Bern. « Dans les 2-3 mois qui ont suivi, les travaux de réfection complète de la toiture ont commencé », se rappelle Vincent Michel. D’abord la charpente, ensuite la pose des tuiles. Les membres de l’association optent pour des tuiles en terre cuite, fabriquées en Bourgogne dont le choix a été entériné par les ABF. De plus, l’association remporte le « Prix du mécénat populaire », décerné suite à un vote sur internet. Aujourd’hui, la mise en place de la charpente et le désamiantage ayant été effectué, le travail sur le toit, en double latage, progresse bien. Les fenêtres doivent encore être changées. Il faut reprendre une partir des peintures dans la maison, faire l’isolation des greniers et vérandas, et enfin crépir les murs.

Reste à trouver une utilité au lieu, une fois rénové. « On ne pourra en faire ni un hôtel ni un restaurant », déplore Michel Vincent, en raison liés la maison forestière : l’État en reste le propriétaire, l’ONF le gestionnaire, et l’association bénéficie d’un bail de longue durée pour rénover le bâtiment. « Nous avons été sollicité pour y organiser des conférences sur la biodiversité, conclut-il. Et surtout nous voulons en faire un point de rencontre et de repos dans la forêt pour tous les randonneurs qui passent par ici. »

Texte : Yves Junger

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